J'ai eu la chance de commencer une thèse de doctorat en mars 2020 sous la direction de Laurent Bruxelles et Nicolas Poirier dont le titre est :
"Cartographie et morphologie des karsts d'Afrique australe à travers l'analyse des données satellites et des données de terrain. Application à la recherche de potentiels karts fossilifères à Hominines."
Ce doctorat a été financé par le CNRS dans le cadre de l'appel à projet - Mission pour les initiatives Transverses et Interdisciplinaires MITI 80|Prime. Elle s'est déroulé au sein du Laboratoire TRACES - UMR5608 dans l'Équipe Pôle Afrique « Archéologie et histoire de l’Afrique » à Toulouse.
RÉSUMÉ DE LA THÈSE
En Afrique subsaharienne, deux grandes régions fossilifères, considérées comme des berceaux de l’Humanité, ont préservé des fossiles d’hominines parmi lesquels figurent nos ancêtres, les premiers représentants du genre Homo. Ces régions sont : (1) le Rift est-africain en Afrique de l’Est, où les fossiles sont disséminés au sein d’anciens dépôts fluvio-lacustres et (2) les karsts sud-africains (Cradle of Humankind (CoH), Ghaap, Makapansgat), où les fossiles sont retrouvés au sein de remplissages karstiques, que ce soit à l’intérieur de grottes ou bien en plein-air, lorsque la surface topographique a érodé le toit des cavités comme c’est le cas du Type site de la grotte de Sterkfontein.
L’objectif de cette thèse est de chercher de nouveaux karsts susceptibles de receler des hominines anciens et donc de faire le lien entre ces deux régions, plus précisément entre le CoH en Afrique du Sud et le débouché du Rift est-africain au nord du Malawi. Pour cela, nous avons développé une méthode spécifique, basée sur la cartographie et le traitement des données satellitaires, qui nous a permis d’identifier des karsts et surtout d’en estimer l’ancienneté en analysant leur contexte géomorphologique.
En Afrique australe, les karsts sont exclusivement cantonnés aux affleurements dolomitiques d’un ancien bassin marin paléoprotérozoïque, dont le Bassin sédimentaire géologique du Transvaal (où se situent le CoH et Makapansgat) et le Plateau karstique de Ghaap constituent des fragments ayant échappé à l’érosion des rivières et des fleuves (Molopo, Vaal, Orange, Crocodile, Limpopo, Olifants). Ces formations carbonatées ont été recouvertes par plusieurs centaines de mètres d’épaisseur de dépôts sédimentaires (Karoo, Kalahari) puis arasées par des paléosurfaces d’érosion successives (les Surfaces Africaines).
En caractérisant la géologie, la géomorphologie et la géoarchéologie du CoH grâce à une cartographie de terrain fine, nous avons établi plusieurs critères morphokarstiques concourant au piégeage et à la conservation des fossiles plio-pléistocènes. Ce modèle de karstification du CoH constitue le premier résultat majeur de la thèse. Il indique que, outre la présence indispensable de roches karstifiables (1), les grottes fossilifères du CoH se situent toujours à faible profondeur sous la surface africaine (2), exhumée de ses altérites (3), au toit de formations carbonatées fantômisées (4), en position d’interfluves de bassins versants hydrographiques (5), plus précisément en tête de vallées peu profondes (6) bloquées par des knick-points, où les taux d’érosion sont restés très faibles (7).
La deuxième étape a consisté à rechercher ces critères dans les autres karsts potentiels d’Afrique australe. La troisième étape a consisté à exploiter les mesures de relief par satellite (JAXA ALOS Daichi) afin d’identifier les morphologies karstiques présentes en surface des formations carbonatées à l’affleurement, indiquant l’existence possible de grottes en profondeur. Cette dernière étape n’a été appliquée que sur les régions considérées comme prioritaires mais elle doit à terme être testée sur tous les karsts d’Afrique.
Ces trois étapes (établissement du modèle de karstification du CoH, identification des karsts potentiels d’après les cartes géologiques et analyse des reliefs par satellites) constituent le « Système d’Information Géographique des karsts de l’Afrique australe ». Ce SIG nous a permis de produire, en amont des missions de terrain, des atlas cartographiques inédits, de haute résolution et parfaitement adaptés aux problématiques de recherche. Il a guidé efficacement les prospections dans plusieurs pays d’Afrique australe à la recherche de karsts fossilifères.
Développé dans un premier temps à distance, le SIG a ensuite été confronté au terrain lors de missions en Afrique du Sud (Hoogland), au Mozambique, au Malawi, au Botswana (Lobatse et Aha Hills) et en Namibie (Harasib). Une prospection au Zimbabwe a permis d’écarter le massif de Chimanimani, dépourvu de roches karstifiables. Au Mozambique, un nouveau karst a été découvert dans le secteur de Pitao, tandis que le karst de Buchane s’est révélé trop récent pour présenter un intérêt majeur.
Les missions menées dans les collines karstifiées et fossilifères du nord-ouest du Botswana (projet HOMINI’KARST) ont par exemple apporté des informations cruciales sur les niveaux de base de paléolacs, intrinsèquement liés à la karstification (débourrage des fantômes de roche). Ces données ont permis de perfectionner encore les modèles et le SIG, dont une version simplifiée est accessible à l’adresse suivante :
Sur cette base, et avec l’intégration de nouvelles observations de terrain, les modèles et le SIG continueront d’évoluer afin de mieux caractériser ces karsts et faciliter leur détection à l’échelle du continent, d’autant plus que la résolution des données satellitaires ne cesse de progresser.
Mots-clés : géologie, géomorphologie, géoarchéologie, SIG, karst, grotte, fossile, hominine, paléosurface, cradle of humankind, berceau de l’humanité, surface africaine, paléoenvironnement, 3D, MNT.
REPORTAGES TF1
En 2022, une de nos missions de terrain au Botswana (projet HOMINI'KARST) ont eu la chance d’avoir acceuilli Michel IZARD (TF1) dont l'épisode 4 qui est dédie à la méthodologie mise en oeuvre dans la thèse.
Nous indiquons ici des liens pour visionner les 6 Reportages de 8 minutes du Journal télévisé de TF1 du 4 février au 11 février 2022 (Michel Izard et David Salmon)
Lien vers l'épisode 1 (préparation de l’expédition, la route de Maun à Gcwihaba)
Lien vers l'épisode 2
(la vie au campement, fouille de Koanaka et Bone Cave et explication des missions dirigées par Laurent Bruxelles)
Lien vers l'épisode 3 (cours de paléonto et thèse de Camille Thabard, visite de la grotte de Gciwhaba et de la nurserie avec Marc Jarry)
Lien vers l'épisode 4 (prospection d’une dépression, analyse des paysages en drone, thèse de Bastien Chadelle, fouille du Corridor de Gcwihaba avec les paléontologues Jean-Baptiste Fourvel, Francis Duranthon et Camille Thabard, danse traditionnelle d’Oscar Nkwe dans la grotte
Lien vers l'épisode 5 (exploration spéléologique de la grotte de Diviner’s sur Koanaka Hill K1)
Lien vers l'épisode 6 (laboratoire de terrain et thèse de Camille Thabard et dernière soirée)
(la vie au campement, fouille de Koanaka et Bone Cave et explication des missions dirigées par Laurent Bruxelles)